On peut changer de braquet sur un vélo, suivant la difficulté du terrain. On peut changer le diamètre de ses roues aussi, en passant du 26 pouces au 29 pouces et s’offrir de nouveaux terrains de jeux.
Et le cycliste peut changer la taille de sa ceinture aussi. Passant de la ceinture grise du périphérique, à la ceinture verte des parcs périphériques de Paris. Et c’est comme un changement de taille de roue, comme un changement de braquet, c’est une grande marche à passer pour explorer de nouveaux terrains de liberté.
100, 200, 300 kilomètres pour un voyageur, pour un ultra, ce sont les paliers à franchir pour une forme de liberté, les grandes étapes de l’aventure à vélo.
Ces jalons dans la vie d’un cycliste représentent à la fois une distance, une temporalité, un effort. Comme une mathématique de l’aventure, ils sont les trois axes qui dessinent et définissent un espace que notre esprit et notre corps doivent apprendre à maitriser. Et les grands voyageurs, qui cumulent les journées sont des grands enfants qui se fabriquent comme des briques de lego, jour après jour, construisant dans la distance, le temps et l’effort, leur château, leur rêve de liberté, espace après espace.
En ce sens, il faut considérer les parcours de nos GPS comme les plans d’un architecte, qui devra se confronter à la réalité du terrain et du matériel à disposition : juste un dessin initial. Et comme personne n’a jamais vécu dans un dessin, ne paniquons pas quand la trace nous mène dans un cul-de-sac !
Si j’avais bien le dessin de la trace programmé sur le GPS, j’hésitais encore le matin du départ à me construire un espace de 200 ou de 300 pour cette occasion. Le cœur dit 300, la tête 200… Comme d’habitude, c’est le corps qui sera le juge de paix.
Mon 200, dont le tracé a commencé à 5h15 se termine à 19h15. Je suis donc à la porte d’un 300 : reste 70 et 25 km retour. Que faire ? Je passe la tête pour imaginer cela, oubliant que ma tête est en mode 200. J’aurais projeté mon coeur à 300, peut être aurais-je oublié ma journée du lendemain qui m’attendait, mes fatigues cumulées de la course précédente et celle à venir ?
Bon, de façon très pragmatique, la proximité de la maison, d’une bonne douche, agit comme un aimant puissant ! Un lit est aussi un espace très attractif !
Bref, 200 est un bel espace pour aujourd’hui, j’ai une nouvelle brique pour mon château, je rentre.