Tout d’abord, ce sont des regards inquisiteurs, curieux et assoiffés de toutes ces personnes qui vous regardent sans aucune discrétion votre poitrine. Et non, elle n’est particulièrement opulente, désolé messieurs (car ce sont en majorité des hommes qui chassent ici) c’est simplement la façon ici de s’évaluer – on ne se regarde pas dans les yeux – on jauge les informations sur les badges que chacun orne sur sa poitrine : Nom, prénom… et surtout tribu d’appartenance. Appartenez-vous à une grande marque, à un grand groupe, à une grande entreprise ? Dois-je vous plaire et vous charmer, valez-vous pas la peine de mon temps, de mon attention ?
Vive la Technologie !
Vive la Technologie ! Vivatechnology ! Vivatech ! Un événement qui porte bien son nom. Il faut imaginer cette expérience comme une photographie glorificatrice de nos futurs possibles ou comment toutes les nuances de la technologie et du numérique vont impacter toutes les couches de notre société demain.
…Et comme toute œuvre, elle s’admire à toutes les échelles.
Elle est composée de milliers de pixels – ici, l’unité de base est bien tangible : un espace de 1m2, disposé par grappe de trois, chacun pouvant accueillir une startup. Un plan de travail en bois pour supporter un ordinateur, une pancarte carrée pour le pitch et la maturité du projet. Et toute l’énergie d’un entrepreneur pour briller maintenant.
Ces pixels se regroupent pour composer des premiers motifs au tableau d’ensemble : par thématiques, par pays, par marques… au-delà des thèmes déclarés, des pays d’appartenance – ces regroupent dessinent en creux les préoccupations de chaque entreprise qui les hébergent – changer le monde, valoriser la chaîne de production, mieux connaître ses clients, mieux faire grandir ses collaborateurs, mieux interconnecter, mieux apprendre, mieux promouvoir, mieux savoir, mieux connaître, mieux changer le monde…
A une autre échelle, pour les grandes entreprises, c’est aussi l’occasion de montrer leurs avenirs : des concepts, des prototypes ou des produits finis présentés, qu’on laisse faire émerger parfois à l’intérieur, des innovations de startups qui étaient ici aussi, mais il y a 1 an, il y a 2 ans, il y a une éternité. Assez longtemps en tout cas pour vous encourager, o entrepreneur, qu’il y a espoir pour les plus innovants d’entre vous. En complément, les startups que ces grandes entreprises hébergent esquissent aussi les avenirs qu’elles explorent pour nous demain : vous maquillez virtuellement pour vos réunions virtuelles – faisant passer les sas d’attentes de vos visioconférences pour des loges d’artistes, vous vendre un NFT pour vous vendre un produit physique. Réinventer l’occasion usé, patiné, griffonné comme le nouveau chic. Vous faire explorer des régions éloignées sans vous éloigner de vos régions. Banaliser les robots livreurs dans nos rues de demain. Normaliser les intelligences artificielles à toutes les échelles de notre société. Normaliser la présence de ces entreprises demain.
Alors faut-il aller à Vivatech ?
Ici, quand vous faites un pas, un mètre à pied, vous vous évitez de vous faire des milliers de clics pour parcourir 99 pages et vous rencontrez les vraies personnes derrière les promesses. Ici, vous voyez les représentations des futurs que nous préparent les pays, les territoires et les entreprises. Ici, vous pouvez sentir toutes les énergies vibrer et converger quand les femmes et les hommes veulent entreprendre, non sans arrogance parfois, ni panache aussi – on en souhaiterait presqu’autant de fougue pour la chose politique ou écologique – en mode low fi – en mode du quotidien.
Et ici, vous pouvez vous décider si vous aussi vous voulez contribuer pour un demain technologique. Ou pas.