À l’aube du transhumanisme

Il existait un peuple qui plantait un arbre pour chaque naissance, liant chaque enfant à un totem sylvestre pour le couver tout au long de sa vie.

Il existait un peuple qui offrait à ses enfants des morceaux de bois pour qu’ils puissent les assembler et en faire des jouets et des outils.

Arrivé à la force de l’âge, le peuple récoltait ses arbres pour accomplir les différents gestes du quotidien : une branche devient instrument de musique, arme, outils, nourriture, mobilier suivant les besoins.

Pour chaque homme qui mourait, son corps était enterré au pied de son totem sylvestre. L’arbre, qui portait aussi les stigmates de la vie bien vécue, devenait sa dernière demeure.

Le Nuage est arrivé et nous avons perdu l’usage des arbres du début à la fin de notre vie : les jouets en bois sont devenus des modules Scratch - les cannes, des exosquelettes - et le Grand Nuage, la dernière demeure qui abrite les histoires et les habitudes de notre vie bien vécue.

Alors qu'hier nous chérissions la patine de nos ancêtres, portée par les meubles familiaux, demain chérirons-nous les paramètres de nos aïeux, laissés sur leurs objets intelligents ?

Le peuple transhumain est là.